L’infidélité féminine : le dernier tabou de notre société ?

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77 % des Françaises pensent que leur entourage serait plus choqué par une femme qui trompe son conjoint que l’inverse. 

41% admettent même qu’elles ne pourraient jamais parler de leur infidélité, pas même à leur meilleur(e) ami(e). 

Condamnée par la plupart des religions, encore passible de lapidation dans un grand nombre de pays, l’infidélité féminine à toujours été plus durement jugée et sanctionnée que l’adultère masculin.  En France par exemple, jusqu’en 1975, le code civil prévoyait une peine d’emprisonnement de 3 mois à 2 ans pour la femme adultère alors qu’un homme n’était passible que d’une simple amende (et seulement à la condition qu’on ait pu prouver qu’il ait ramené sa maîtresse au domicile conjugal).

À l’heure où les comportements et la parole semblent être plus libérés que jamais, dans une société qui ose de plus en plus transgresser les normes sociales, le tabou autour de l’infidélité féminine perdure pourtant.

C’est en effet ce que révèle les nouvelles données de l’Observatoire Européen de l’Infidélité réalisé en 2019 par IFOP pour Gleeden, le site leader de la rencontre extraconjugale qui rassemble une communauté de plus de 6 millions de membres à travers le monde. Menée auprès d’un échantillon national représentatif de 5 000 Européennes (dont 1 000 Françaises), cette enquête fournit ainsi des données uniques et fiables sur l’infidélité féminine en France et en Europe.

77% des Françaises pensent que leur entourage serait plus choqué par une femme qui trompe que par un homme adultère.

En France, comme en Europe, les femmes semblent avoir intériorise la règle selon laquelle elles risquent toujours plus d’être stigmatisées socialement que les hommes lorsqu’elles ont des relations extra-conjugales. Symptomatique d’un conditionnement de genre qui tend à rendre illégitime la sexualité féminine lorsqu’elle ne s’inscrit pas dans un cadre conjugal ou affectif stable, elles sont en effet beaucoup plus nombreuses (77%) à penser que leurs proches sont généralement plus choqués quand c’est la femme qui est infidèle que quand c’est l’homme qui trompe sa partenaire (23%).

En cas d’infidélité, 41 % des femmes admettent qu’elles ne pourraient jamais se confier, pas même à leur meilleur(e) ami(e).

Bien que le sujet de l’infidélité féminine soit régulièrement abordé de façon légère dans les magazines féminins ou dans les séries télé, ce volet de l’étude révèle pourtant que les Françaises ont de grandes difficultés à se confier en cas d’incartade extraconjugale , même à des personnes de confiance.

En effet, en cas d’infidélité, 41% des répondantes avouent qu’elles ne le diraient même pas à leur meilleur(e) ami(e) . En parler à sa famille semble encore plus difficile : 67% refuseraient d’aborder le sujet avec des frères ou des sœurs ; 81% avec leurs parents . Paradoxalement, la moitié des répondantes pourraient l’avouer à leur conjoint (51%), que ce soit au moment des faits (21%) ou bien plus tard (30%).

Il est intéressant de noter que la capacité à admettre une infidélité varie largement en fonction de l’âge des répondantes. Ainsi, les jeunes femmes de moins de 30 ans sont les plus ouvertes à parler de ce sujet directement avec leur conjoint (76%) ou avec leur meilleur(e) ami(e) (77%) tandis que les répondantes de plus de 50 ans sont les moins enclines à se confier en cas d’infidélité : seules 36% pourraient l’avouer à leur conjoint et 45% à leur meilleur(e) ami(e).

En France, il est plus facile de parler de ses problèmes d’argent ou d’une grave maladie que de son infidélité.

On pensait que les Français n’aimaient pas parler d’argent. Ce n’est rien comparé à l’infidélité. Ce nouveau volet de l’étude révèle en effet que l’infidélité est le sujet le plus difficile à aborder avec sa ou son meilleur(e) ami(e), loin devant les problèmes d’argent.

Plutôt que d’admettre une incartade (seules 37% le feraient facilement), les françaises pourraient plus aisément avouer :

• Avoir été licenciée (75%)

• Avoir une maladie grave (61%)

• Souffrir de dépression (53%)

• Avoir des problèmes financiers (50%)

Mais comment expliquer qu’à l’aube de 2020, la parole autour de l’infidélité féminine soit toujours aussi difficile ? Et pas seulement en France, l’étude mettant en avant des résultats similaires partout en Europe.

Pour François Kraus, directeur de pôle Sexualité et Société à l’IFOP, « en dépit du déclin du discours moral répressif sur l’adultère et des évolutions de fond en matière d’égalité des entre les sexes, les femmes semblent avoir intériorisé la norme selon laquelle elle risquent toujours plus de stigmatisation sociale que les hommes lorsqu’elles ont des relations extra-conjugales. Malgré la prise de conscience de plus en plus grande des inégalités hommes / femmes, l’infidélité féminine fait toujours l’objet d’un sentiment d’opprobre social plus fort que l’infidélité masculine. »

L’infidélité féminine, un phénomène en progression continue

Même si les Françaises parlent peu de leurs infidélités, elle sont pourtant de plus en plus nombreuses à se laisser tenter. En effet, la proportion de Françaises ayant déjà été infidèles au cours de leur vie a progressé de manière continue au cours des quarante dernières années , passant de 10% en 1970 à 24% en 2011 pour s’élever désormais à 37%.

Solène Paillet, la Directrice Marketing de Gleeden confirme ce phénomène : « On constate en effet une augmentation continue du nombre de femmes s’inscrivant sur notre plateforme. Lors de son lancement il y a presque 12 ans, on recensait en moyenne une femme pour deux hommes. Aujourd’hui, on arrive à une quasi-égalité entre le nombre d’inscrits féminins et masculins. Cela ne veut pas dire que toutes les femmes inscrites décident de sauter le pas de l’infidélité mais qu’elles sont de plus en plus nombreuses à envisager cette option. »

*Observatoire Européen de l’Infidélité réalisé en 2019 par IFOP pour Gleeden auprès d’un échantillon national représentatif de 5 000 Européennes (dont 1 000 Françaises).

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